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la valeur de Nobunaga et de Iyéyasu étaient plutôt dirigés par des vues politiques et la nécessité de garantir l’intégrité du pays confié à leur direction que par des considérations théologiques. Si Iyéyasu a banni tous les ministres du catholicisme, s’il a ordonné des persécutions raisonnées, prolongées, cruelles, s’il a considéré l’extirpation totale du culte étranger comme une nécessité absolue, c’est qu’il voyait là un péril national, plus peut-être pour l’avenir que dans le présent, et le fait que son continuateur Iémitsu alla jusqu’à fermer entièrement le pays à tous les étrangers sans exception, vient bien corroborer cette interprétation. Ce n’était pas contre une religion étrangère de plus que le Japon, très indifférent en la matière, se barricadait si étroitement, c’était contre la mainmise possible et redoutée de ces terribles nations aventureuses, conquérantes et pillardes de l’Occident. Les difficultés religieuses servirent de prétexte à bannir absolument tous les Portugais et Espagnols, même commerçants, pour ne tolérer que les Hollandais comme intermédiaires, et dans quelles conditions ! De bonne foi, il serait difficile de soutenir que les Portugais ne songèrent jamais à conquérir les pays auxquels ils portaient l’évangile, et que si le Japon était resté ouvert à l’influence occidentale on n’eût jamais essayé de s’en emparer.