Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par les rivalités des franciscains et des jésuites, les jalousies des mendiants contre les savants. Cela paraît moins prouvé pour le Japon que pour la Chine. On accuse les jésuites d’avoir voulu trop se mêler du gouvernement et d’avoir fomenté des conspirations contre les shoguns : bien des gens seront tentés de les en croire capables. On a voulu montrer que le christianisme était incompatible avec toutes les idées fondamentales japonaises, principalement le culte des ancêtres et le respect filial. Cependant le succès extrêmement rapide des premières missions et le très grand nombre des conversions dans toutes les classes de la société montre qu’au contraire les doctrines nouvelles devaient exercer un certain attrait sur l’esprit japonais. Il reste une explication : c’est que le bruit aurait couru que les Portugais envoyaient leurs missionnaires en avant-garde pour préparer la conquête du pays. L’usage que tous les gouvernements européens font de leurs missions pour étendre leur influence et se ménager des possibilités de conquête ne laisse pas que de rendre ceci assez plausible. Et il me semble que la crainte de laisser prendre pied chez soi à l’ennemi du dehors est chose bien japonaise, que les raisons d’ordre patriotique sont plus fortes au Nippon que toutes les autres, et que des quasi-souverains de