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de l’isolement de deux siècles que s’est imposé le Japon. Cela vaut la peine de chercher à savoir pourquoi.

Introduit par saint François Xavier et de savants jésuites, le catholicisme trouva au Japon comme en Chine un très favorable accueil chez les grands séduits par la valeur personnelle des missionnaires, et chez les petits émerveillés des miracles du saint et d’ailleurs vite familiarisés avec une religion qui avait tant de rapports avec le bouddhisme qu’ils pratiquaient. On vit des daimyos envoyer des ambassades au pape, de jeunes Japonais aller faire leurs études à Rome. Du reste, Nobunaga, qui avait eu tant de peine à réduire les bouddhistes à l’obéissance, favorisait l’établissement du nouveau culte pour contrebalancer l’influence des prêtres de l’ancienne religion. On dit que beaucoup de ses soldats étaient chrétiens. Pourquoi après des débuts si pleins de promesses le christianisme fut-il soudain persécuté, systématiquement étouffé, effacé du pays comme une tache et condamné par Iyéyasu qui savait ordinairement ce qu’il disait, comme une religion « fausse et corrompue », la seule qu’il défendit au peuple de suivre, tandis qu’il se montrait dune tolérance absolue pour les autres ? On donne bien des raisons différentes, toutes plus ou moins plausibles : on montre le Japon comme la Chine, perdu à l’Église