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ciers supérieurs ont droit à cinq maîtresses et les samourais à deux servantes. Les hommes des classes inférieures sont simplement mariés[1]. »

Admirez cette savante gradation, non seulement dans le nombre des consolations mais dans les termes qui servent à les énumérer, de la concubine impériale à la servante du samourai ! Tout le Japon est dans cette belle ordonnance et dans ce soin paternel du gouvernement de régler ainsi des questions qui à première vue d’Occidental ne le regardent pas. C’est la hiérarchie, l’art des nuances, l’autocratie, jointes à une sereine indifférence pour la morale abstraite et les commandements de l’église : car les Japonais sont bouddhistes et le Bouddha ne permet aux hommes mariés que leur propre femme et encore avec modération, Iyéyasu a la manche plus large.

Avant d’abandonner ce grand homme à sa studieuse retraite, il faut l’envisager à un point de vue moins folâtre et qui nous touche de plus près. Le Japon a été presque chrétien à l’époque de Hidéyoshi, de Nabunaga et de Iyéyasu ; le christianisme qui en avait commencé brillamment la conquête y a absolument disparu ; de plus, c’est le christianisme qui a été cause

  1. Les citations sont extraites de Lafcadio Hearn, op. cit.