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le pays. Les luttes intérieures finies, embarrassé de sa nombreuse armée, il imagina de se débarrasser de ses soldats en les envoyant en Corée sous prétexte de conquérir la Chine. La Corée brûlée, massacrée, abîmée, le Japon n’y gagna rien et l’armée fut rappelée après la mort de Hidéyoshi. Comme celui-ci sortait du peuple, qu’il s’était élevé par lui-même jusqu’au rang suprême et que c’était un excellent homme de guerre, on l’a appelé le Napoléon du Japon. C’est peut-être exagéré, à moins de ne penser au Japon que sous son aspect mièvre et exigu.

Avec le successeur d’Hidéyoshi nous atteignons le point le plus intéressant de l’histoire du Japon, le Grand Homme japonais, une figure qui n’est plus un sauvage ni un netzké, Quelqu’un, et qui l’eût été partout. Quoiqu’il n’ait jamais quitté le Japon, Iyeyasu relève de l’humanité tout entière, c’est un homme complet. Tous les pays, toutes les époques s’honoreraient d’avoir donné naissance à un homme de ce caractère. Soldat, diplomate, législateur, administrateur, fondateur d’une grande dynastie, et d’une politique qui a duré, avec cela un sage et un lettré qui ne s’est démenti ni dans la prospérité ni dans la retraite. C’était un homme de haute naissance, mais qui conquit son pouvoir par les armes, aux dépens du fils enfant de Hidéyoshi, sur