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se réduisaient eux-mêmes à des ombres de palais, de sorte qu’on vit entre 1205 et 1333 le Japon gouverné par des régents tandis que des ombres de shoguns régnaient à Kamakura et des ombres d’empereurs à Kyoto. C’est la sombre période du moyen-âge qui aboutit à une anarchie effroyable et à des guerres féodales où le pays pensa s’anéantir. Rien ne manque au moyen-âge japonais pour ressembler au nôtre, pas même le grand schisme, deux empereurs ayant régné à la fois pendant 56 ans soutenus l’un et l’autre par de grands clans rivaux. On se battait, on s’exterminait, le pays ruiné ne produisait plus rien, la pauvreté était au comble, quand un usurpateur à la poigne solide, grand patriote, descendant de prêtres shinto, s’éleva pour rétablir l’ordre en s’emparant du pouvoir (effectif s’entend). Nobunaga ne prit pas le titre de shogun mais en exerça l’autorité. Mille difficultés s’élevaient sans cesse. La guerre était entretenue par des moines soldats appartenant à deux puissantes sectes bouddhistes. Nobunaga entama avec eux une lutte sans merci, détruisit par le feu les monastères forteresses, passa tout le monde au fil de l’épée, hommes, femmes et enfants ; ce fut une boucherie hideuse mais efficace. Après lui, son meilleur général, Hidéyoshi, acheva de soumettre les barons et les moines et pacifia