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dégénérescence ; autocrates absolus en principe et sans contestation, ils vivaient néanmoins au fond d’un harem, entourés de prêtres, de courtisans et de femmes, ne faisant que passer sur un fantôme de trône et ne gouvernant rien que leur petite cour. C’est là qu’il faut chercher l’explication de ce fait invraisemblable que le Nippon n’a jamais changé de dynastie. Il n’y avait pas lieu de détrôner une famille qui ne faisait rien de mal ni de bien et guère rien plus que des vers ou des cérémonies de thé. Le Japon était gouverné cependant et ses véritables maîtres changèrent à plusieurs reprises, comme il arrive en tout pays. Les grandes familles dont l’organisation rappelle celle des clans d’Écosse ou de la gens romaine, s’emparèrent successivement du pouvoir réel. Les Fugiwara l’exercèrent de 670 à 1050 non sans luttes pour se maintenir contre de puissants rivaux. Les Minamoto les remplacèrent, et Yoritomo leur chef obtint le titre de shogun en 1185. Dès lors et jusqu’en 1857 le Japon fut gouverné par des shoguns résidant à Kamakura d’abord, à Yeddo ensuite, toujours dans une autre capitale que celle du Mikado et aux dépens de ce fantôme d’empereur qu’ils prenaient le plus grand soin de conserver pour la tradition. Mais les shoguns comme les empereurs dégénéraient en trois ou quatre générations et