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dis pas trop en disant qu’il a sa puissance, sa vertu et sa magie : tout ce qu’il touche devient aussitôt tristement vulgaire et ridiculement prétentieux. Les miracles de la nature et de l’humanité, la splendeur du ciel et la beauté des femmes, les trésors de l’art et les secrets délicieux des âmes, enfin, tout ce qui fait le charme et la sainteté de la vie devient, en passant par sa pensée, d’une écœurante banalité. Voilà donc ce qu’il voit, voilà donc ce qu’il sent ! Et il aime vivre ! C’est incompréhensible ! Ce qui m’émerveille plus que tout le reste, c’est la fadeur de ces perpétuelles caricatures au milieu desquelles il vit et se meut naturellement.

J’ai dit qu’il était détestable, flatteur que j’étais ! La vérité, c’est qu’il est médiocre. Comme écrivain, c’est un parfait snob. Ce genre de niaiserie confortable que les Anglais appellent le snobisme, il l’a portée jusqu’au génie, et c’est pourquoi il est l’idéal des millions de snobs qui fourmillent sur les continents et les îles de cette planète.

Toutes ses conceptions de la vie sont du plus grand penseur que le snobisme ait enfanté pour le malheur des êtres simple, beaux et purs. Il est snob premièrement dans son amour grossier de luxe, quand il nous montre, comme il fait dans Volonté, « une Victoria descendant la rue Boissy-d’Anglas au trot de ses deux chevaux steppant avec grâce » ; quand il nous fait monter à sa suite « un escalier à marches de pierre recouvertes d’un somptueux tapis » ; et quand il nous introduit « dans la salle d’un hôtel féeriquement éclairé à la lumière électrique »,