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initiés, quel charme d’y découvrir çà et là des sens profonds et des vérités rares ! Quand on a vécu comme j’ai fait plusieurs années avec la Pucelle et ses compagnons, on ne peut lire les quatorze poèmes de la Voie Sacrée, sans dire à l’auteur : « Eh ! quoi, mon frère, vous avez donc vu aussi cet arbre des fées où Jeanne allait avec les filles du pays, le dimanche des Fontaines, alors qu’il était beau comme un lis, au dire des laboureurs. Vous étiez donc à Poitiers, quand Jeanne y parut dans sa victorieuse innocence ; dans Orléans délivré, à la joie de Patay, à Reims, à Compiègne. Hélas ! vous avez donc entendu la mer battre le pied de cette tour du Crotoy où Jeanne était prisonnière des Anglais ?

» Oui, vous l’avez vue aux jours exécrables, cette baie de Somme si grise et si douce, étincelante d’oiseaux, où l’écume de la mer brodait une frange au royaume des lis, et vous avez entendu la voix de la sainte se mêler à la voix de l’Océan. Oui, vous avez vu la bannière de Jeanne d’Arc et vous l’avez décrite avec la simplicité d’un témoin véridique. Je l’ai vue comme vous, que n’ai-je su le dire ? Au moins je veux répéter vos paroles tout empreintes de l’esprit des vieux âges :

LA BANNIÈRE

Tours— Orléans

 Jeanne, en avril, commande au peintre sa bannière :
 Je veux un tissu blanc, peint de telle manière
 Que dans un champ de lys Messire notre Dieu,
 Sur le trône du monde, y paraisse au milieu