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lequel on commet de toutes parts tant et de si monstrueux attentats.

J’éprouve comme une piété reconnaissante pour les talents ordonnés et lumineux, dont les œuvres portent en elles cette vertu suprême : la mesure.

Ce matin, comme je me trouvais sur la montagne Sainte-Geneviève, au centre du vieux pays des études, j’entrai dans l’église Saint-Étienne-du-Mont, poussé par l’envie de voir d’élégantes sculptures et des vitraux charmants, entraîné par ce penchant irrésistible qui ramène sans cesse les esprits méditatifs aux choses qui leur parlent du passé, et, s’il faut donner une raison plus intelligible, conduit par le désir de relire l’épitaphe de Jean Racine dont j’ai l’honneur d’écrire en ce moment la vie. Cette épitaphe, composée en latin par Boileau, fut renversée avec l’église de Port-Royal-des-Champs où elle était posée : Elle porte encore la trace des violences qu’elle a subies ; la pierre est brisée en vingt morceaux et le nom du poète profondément martelé. Violence qui nous semble aujourd’hui stupide ! Sachons bien que nos violences, si nous avons le malheur d’en commettre, feront également pitié dans deux siècles. Cette épitaphe est admirable de simplicité, et l’on n’en peut lire sans émotion la dernière phrase. Boileau, après avoir consigné tous les titres de son ami à l’estime et à l’admiration des hommes, conclut, avec une philosophie chrétienne, par ces paroles touchantes : « Ô toi, qui que tu sois que la piété amène dans cette sainte maison, reconnais à ce que tu vois le peu qu’est la vie