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demoiselles. La question est intéressante ; nous y viendrons quelque jour.

Ce que j’avais à cœur de dire dès à présent, ce que je veux dire bien haut, c’est mon admiration pour l’art achevé avec lequel M. Octave Feuillet compose ses romans. Ils ont la forme parfaite : ce sont des statues de Praxitèle. L’idée s’y répand comme la vie dans un corps harmonieux. Ils ont la proportion, ils ont la mesure, et cela est digne de tous les éloges.

On a voulu faire mieux depuis et l’on a fait des monstres. On est tombé dans la barbarie. On a dit : « Il faut être humain. » Mais qu’y a-t-il de plus humain, je vous prie, que la mesure et l’harmonie ? Être vraiment humain, c’est composer ; lier, déduire les idées ; c’est avoir l’esprit de suite. Être vraiment, humain, c’est dégager les pensées sous les formes, qui n’en sont que les symboles ; c’est pénétrer dans les âmes et saisir l’esprit des choses.

C’est pourquoi M. Octave Feuillet est plus humain dans son élégante symétrie et dans son idéalisme passionnel, que tous les naturalistes qui étalent indéfiniment devant nous les travaux de la vie organique sans en concevoir la signification. L’idéal c’est tout l’homme. Le Divorce de Juliette m’a fourni une occasion de rendre hommage au talent accompli de M. Octave Feuillet.

Ce qui me charme profondément dans l’œuvre du maître, c’est ce bel équilibre, ce plan sage, cette heureuse ordonnance où je retrouve le génie français contre