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emportés tour à tour par la suite des générations, leur temps est rapide, leur sagesse tardive, leur mort prompte. Dans leur vie gémissante ils habitent la terre. »

Ne sent-on pas là une mâle tristesse qui rappelle le premier aphorisme d’Hippocrate ?

Et puis ce petit roman même, dont je n’admirais tout à l’heure que l’absurdité pittoresque et le merveilleux expressif, n’est-il pas philosophique à sa façon et jusque dans ses licences ? Apulée ne serait-il pas, dans sa Métamorphose, l’ingénieux interprète dès dogmes palingénésiques ; n’exposerait-il pas, sous une forme légère, la doctrine des épreuves et des expiations à travers des existences successives et même la transformation de Lucius ne serait-elle pas l’expression sensible des travaux de la vie humaine, des changements qui sans cesse modifient les éléments complexes de ce moi qui tend sans cesse à se connaître plutôt qu’il ne se connaît ? Y aurait-il une sagesse cachée dans ce livre qui étale une folie si divertissante ? Que sais-je ?