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LA TEMPÊTE


Les marionnettes de M. Henri Signoret viennent de nous donner la Tempête de Shakespeare. Il y a une heure à peine que la toile du petit théâtre est tombée sur le groupe harmonieux de Ferdinand et de Miranda. Je suis sous le charme et, comme dit Prospero, « je me ressens encore des illusions de cette île ». L’aimable spectacle ! Et qu’il est vrai que les choses exquises, quand elles sont naïves, sont deux fois exquises. M. Signoret se propose de faire jouer par ses petits acteurs les chefs-d’œuvre, je dirai les saintes œuvres de tous les théâtres. Hier, Aristophane ; aujourd’hui, Shakespeare ; demain, Kalidasa. Ses petits acteurs sont de bois comme les dieux que détestait Polyeucte. Mais Polyeucte était un fanatique ; il n’entendait rien aux arts et il ignorait tout ce qu’un dieu de bois peut contenir de divin et d’adorable.

Pour moi, je me sens une sorte de piété mêlée à une espèce de tendresse pour les petits êtres de bois et de