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vieux livre du XVIe siècle. Mais cela même est bien invraisemblable.

En réalité, ce qu’apprend une petite fille élevée comme Angélique, dans la piété, à l’odeur de l’encens, ce n’est point la légende dorée, ce sont les prières, l’ordinaire de la messe, le catéchisme ; elle se confesse, elle communie. Cela est toute sa vie. Il est inconcevable que M. Zola ait oublié toutes ces pratiques. Pas une seule prière du matin ou du soir, pas une confession, pas une communion, pas une messe basse dans ce récit d’une enfance pieuse et d’une jeunesse mystique.

Aussi son livre n’est-il qu’un conte bleu sur lequel il n’est ni permis de réfléchir, ni possible de raisonner. Et ce conte bleu est bien longuement, bien lourdement écrit. J’en sais un autre que je préfère et que je vais vous dire. C’est le même, après tout, et il s’appelle aussi un Rêve. Il est d’un poète très ingénu et du plus aimable naturel, M. Gabriel Vicaire. Oui, le même conte, avec cette différence que c’est un jeune garçon et non une jeune fille qui fait le rêve, et que l’apparition, c’est non plus un fils d’archevêque en saint Georges mais une fille de roi avec sa quenouille :

Vous me demandez qui je vois en rêve ?
Et gai, c’est vraiment la fille du roi ;
Elle ne veut pas d’autre ami que moi.
Partons, joli cœur, la lune se lève.

Sa robe, qui traîne, est en satin blanc,
Son peigne est d’argent et de pierreries.
La lune se lève au ras des prairies.
Partons, joli cœur, je suis ton galant.