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dans la cathédrale, le jeune héritier des antiques Hautecœur. Après la cérémonie, ayant mis sa bouche sur la bouche de Félicien, elle meurt dans ce baiser, et monseigneur, qui avait officié, retourne, dit l’auteur « au néant divin ».

M. Zola termine cette petite fable par une pensée profonde : "Tout n’est que rêve", dit-il. Et c’est, je crois, la seule réflexion philosophique qu’il ait jamais faite. Je n’y veux pas contredire. Je crois en effet que l’éternelle illusion nous berce et nous enveloppe et que la vie n’est qu’un songe. Mais j’ai peine à me figurer l’auteur de Pot-Bouille interrogeant avec anxiété le sourire de Maïa et jetant la sonde dans l’océan des apparences. Je ne me le représente pas célébrant, comme Porphyre, les silencieuses orgies de la métaphysique. Quand il dit que tout n’est que rêve, je crains qu’il ne pense qu’à son livre, lequel est en effet une grande rêverie.

On y parle beaucoup de Sainte Agnès et de la légende dorée. C’est sous le portail de Sainte-Agnès qu’Angélique a été trouvée et c’est l’image de Sainte Agnès, vêtue de la robe d’or de ses cheveux, qu’Angélique brode avant de mourir sur la mitre de monseigneur. J’ai quelque dévotion à sainte Agnès et je goûte si bien la légende de cette vierge que je vous la réciterai, si vous voulez, de mémoire, telle qu’elle a été écrite par Voragine :

« Agnès, vierge de grande sagesse, souffrit la mort dans sa treizième année, et elle trouva ainsi la vie. Si