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Et le vieux chêne sous lequel je suis assis parle à son tour, et me dit :

— Lis, lis à mon ombre les chansons gothiques dont j’entendis jadis les refrains se mêler au bruissement de mon feuillage. L’âme de tes aïeux est dans ces chansons plus vieilles que moi-même. Connais ces aïeux obscurs, partage leurs joies et leurs douleurs passées. C’est ainsi, créature éphémère, que tu vivras de longs siècles en peu d’années. Sois pieux, vénère la terre de la patrie. N’en prends jamais une poignée dans ta main sans penser qu’elle est sacrée. Aime tous ces vieux parents dont la poussière mêlée à cette terre m’a nourri depuis des siècles, et dont l’esprit est passé en toi, leur Benjamin, l’enfant des meilleurs jours. Ne reproche aux ancêtres ni leur ignorance, ni la débilité de leur pensée, ni même les illusions de la peur qui les rendaient parfois cruels. Autant vaudrait te reprocher à toi-même d’avoir été un enfant. Sache qu’ils ont travaillé, souffert, espéré pour toi et que tu leur dois tout !