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chent les principes et les causes ressemblent, a-t-on dit, aux éléphants qui, en marchant, ne posent jamais le second pied à terre que le premier n’y soit bien affermi. Oh ! que telle n’est point l’allure de Gyp ! Mais on donne aussi le nom de philosophe à qui s’applique à l’étude de l’homme et de la société. La Bruyère a dit : « Le philosophe consume sa vie à observer les hommes, et il use ses esprits à en démêler les vices et les ridicules. » À ce titre, bien que je ne me figure point, Gyp consumée et usée par la méditation, il n’est point de philosophe qui ait plus philosophé que Gyp, et l’on ne peut douter que les petits livres de Gyp ne soient de grands manuels de philosophie. Autour du mariage, le Petit Bob, Dans l’train, Pour ne pas l’être, Plume et Poil, Le plus heureux de tous, les Séducteurs doivent être rangés parmi les recueils moraux où fleurit la sagesse.

C’est sans doute une exquise discrétion que de ne point révéler le secret de Polichinelle. Mais il y aurait peut-être aussi quelque affectation à ne point dire, après tant d’autres, que le pseudonyme de Gyp cache une gracieuse femme, l’arrière-petite-fille de Mirabeau-Tonneau, dont elle rappelle l’esprit prompt, indocile et mordant. Je puis dire encore qu’on peut voir en ce moment le portrait de cette dame à l’Exposition des Trente-Trois, rue de Sèze. L’œil est vif, la bouche moqueuse, la physionomie charmante. On devine, à voir seulement ce portrait, que la porteuse de ce joli visage loge en sa petite personne une âme ironique.

Et il est de fait que c’est une terrible railleuse. Elle