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seigneur de l’Amenti, s’est-il réjoui des monuments de mon seigneur, et moi-même, j’ai été dans le transport et l’allégresse en voyant le résultat de mon travail. »

Il est infiniment probable que le tombeau où s’en alla vivre Antoine était composé, comme les autres, de la chapelle dont nous parlons, d’un puits et d’un souterrain où reposait le mort. On ne nous dit pas si Antoine descendit par le puits jusque dans ce souterrain et vint troubler le sommeil du vieil Égyptien embaumé. Il est plus probable qu’il s’installa dans la chapelle, et il n’est pas impossible qu’il y ait vu des peintures représentant des scènes de voyage et de vie rustique. Il s’y établit à peu de frais, après avoir dépossédé une nichée de chacals. Les diables l’y poursuivirent, et il y fut encore plus tourmenté qu’auparavant. Sa jeunesse était loin d’être éteinte, et les démons en prenaient avantage sur lui. Si l’on avait un journal du séjour d’Antoine dans l’hypogée, un élève de M. Charcot ne manquerait pas de constater chez le saint homme une suite logique de désordres nerveux. Mais les documents qui nous ont été transmis sont des plus vagues. Nous voyons seulement qu’à l’hallucination chronique s’ajoutait parfois l’état cataleptique. Car, un matin, l’homme qui lui portait à manger le trouva immobile, ne donnant pas signe de vie. Il le traîna dans l’église du plus proche village. Antoine y recouvra peu à peu l’usage de ses sens. Revenu à lui, il conta que des diables l’avaient battu toute la nuit et demanda qu’on le remit tout de suite dans son sépulcre.

Il