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le fatiguaient beaucoup ; il redoublait d’abstinence pour les combattre, ne se doutant pas que les jeûnes prolongés en fussent la seule cause. Au reste, il ne pouvait être ni très surpris ni même très fâché de vivre dans cette sorte de diablerie. C’était la condition nécessaire du fakirisme, tel qu’on le concevait alors.

Pour s’engager d’un degré de plus dans la perfection, il alla se cacher dans un sépulcre. Le choix d’une telle demeure n’a rien qui doive nous surprendre outre mesure, Antoine avait remarqué sans doute, en s’enfonçant dans le désert, un édicule en forme de cône tronqué, et il avait reconnu un de ces hypogées où les anciens Égyptiens portaient leurs morts illustres. Ce tombeau avait été sans doute violé par quelques-uns de ces brigands nomades contre lesquels la pieuse Égypte avait grand’peine, depuis des siècles, à défendre ses momies. La porte était brisée, et le bon Antoine entra sans difficulté dans la chapelle funéraire. Peut-être était-elle spacieuse et magnifiquement ornée comme celle que le scribe Mirri fit construire pour le roi Ousirtesen Ier. Mirri l’a décrite lui-même dans un texte conservé au Louvre et traduit par M. G. Maspero. « Mon maître, dit le scribe, m’envoya en mission pour lui préparer une grande demeure éternelle. Les couloirs de la chambre intérieure étaient en maçonnerie et renouvelaient les merveilles de construction des dieux. Il y eut en elle des colonnes sculptées, belles comme le ciel, un bassin creusé qui communiquait avec le Nil, des portes, des obélisques, une façade en pierre blanche de Roou ; aussi Osiris,