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Madame Bovary. Et, qu’on ne s’y trompe pas, le naturalisme était excellent à bien des égards. Il marquait un retour à la nature, que le romantisme avait méprisé follement. Il était la revanche de la raison. Le malheur voulut que bientôt le naturalisme subit l’empire d’un talent vigoureux, mais étroit, brutal, grossier, sans goût, et ignorant de la mesure, qui est tout l’art.. Je crois avoir assez bien défini le nouveau candidat à l’Académie française, celui-là même qui disait tantôt, avec autant d’élégance que d’exactitude : « J’ai divisé mes visites en trois groupes. »

» Avec lui, le naturalisme tomba tout de suite dans l’ignoble. Descendu au dernier degré de la platitude, de la vulgarité, destitué de toute beauté intellectuelle et plastique, laid et bête, il dégoûta les délicats. Vous savez qu’il n’y a pas de réactions raisonnables. Les plus nécessaires sont peut-être les plus furieuses. L’école de Médan suscita le symbolisme. De même, dans l’empire romain, si l’on peut comparer les petites choses aux grandes, un sensualisme grossier produisit l’ascétisme.

» À les bien prendre, nos jeunes poètes sont des mystiques. Je rencontrais tantôt cette phrase dans la vie d’un des Pères de la Thébaïde : « Il lisait les Écritures pour y trouver des allégories. » Il faut aux disciples de M. Mallarmé des allégories et tout l’ésotérisme des antiques théurgies. Point de poésie sans un sens caché. On dit même que le maître veut qu’un livre excellent présente trois sens superposés Le premier sens, tout litté