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s dans sa main. Mais par sa divination des plans de l’ennemi et par la rapidité foudroyante de ses marches, il réussit souvent à atteindre et à combattre l’ennemi à forces presque égales. D’ailleurs, les grands capitaines semblent avoir préféré les petites armées aux grandes.

Turenne et Frédéric n’ont jamais été de si excellents artistes que quand ils avaient peu d’hommes en main et il faut se rappeler le mot fameux du maréchal de Saxe : « Au delà de quarante mille hommes, je n’y comprends rien. » La guerre moderne peut avoir d’autres exigences ; pourtant ce mot du maréchal de Saxe donne beaucoup à penser.

Au début de la campagne de 1814, Napoléon, qui n’avait pas encore concentré toutes ses forces, dut combattre à la Rothière contre les deux armées réunies. Il battit en retraite sur Troyes, puis sur Nogent. Les alliés crurent alors qu’ils n’avaient plus qu’à marcher sur Paris. Pour faciliter leur marche, ils se divisèrent en deux grandes colonnes dont l’une suivit la Marne, l’autre l’Aube, puis la Seine. Afin de favoriser la faute qu’ils vont commettre, Napoléon se tient coi pendant quatre jours, puis, quand la séparation est opérée, il se porte avec sa petite armée entre les deux colonnes ennemis, fond sur Blücher, surprend ses quatre corps échelonnés sur la Marne et les détruit en quatre batailles, en quatre jours. Puis il se rabat sur la colonne de gauche, celle de Schwarzenberg, lui inflige trois défaites successives et la force à battre en retraite.

Tout ce que peut le génie Napoléon le fit. Mais le génie