vaines et ornées ; partout la vérité des faits et l’éloquence des choses. Pour donner une idée de sa manière, je citerai une page entre autres, le tableau de la capitale pendant la bataille de Paris :
L’appréhension du danger causa plus de trouble et d’effroi que le danger même. La population parisienne, qui s’épouvantait dès les premiers jours de février au seul nom des Cosaques, et qui tremblait les 27, 28 et 29 mars à l’idée du pillage et de l’incendie, recouvra son sang-froid quand elle entendit le canon. Pendant la bataille, les grands boulevards avaient leur aspect accoutumé, à cette différence que la plupart des boutiques étaient fermées et qu’il passait peu de voitures. Mais la foule était plus nombreuse, plus animée, plus remuante que d’ordinaire. C’était le boulevard aux jours de fête et de changement de gouvernement : un flux et un reflux de promeneurs, de groupes stationnant et discutant, toutes les chaises occupées, tous les cafés remplis. Le temps était couvert et doux. À Tortoni, les élégants dégustaient des glaces et buvaient du punch en regardant trottiner les grisettes et défiler sur la chaussée quelques prisonniers qu’escortaient des gendarmes, et d’innombrables blessés, transportés sur des civières et des prolonges et dans des fiacres mis en réquisition. La foule ne paraissait nullement consternée. Chez quelques-uns il y avait de l’inquiétude, chez d’autres de la curiosité ; chez la plupart la tranquillité et même l’indifférence dominaient. L’amour-propre national aidant — à mieux dire peut-être la vanité parisienne — on regardait le combat livré à Romainville comme une affaire sans importance et dont l’issue d’ailleurs n’était point douteuse. Si l’on faisait remarquer que le bruit du canon se rapprochait ce qui semblait indiquer les progrès de