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M. JULES LEMAÎTRE[1]


M. Jules Lemaître vient de publier ses feuilletons dramatiques sous le titre d’Impressions de théâtre. On y goûte quelque chose d’ingénu qui vient du cœur et je ne sais quoi d’étrangement expérimenté qui vient de l’esprit. Cela est fort bien ainsi : Il est bon que le cœur soit naïf et que l’esprit ne le soit pas. Les anges, qui sont toute candeur, feraient assurément de la bien mauvaise littérature et l’on n’imagine pas un séraphin en possession de l’ironie philosophique.

Devant les choses humaines, M. Jules Lemaître ne tient pas toujours son sérieux. Mais on lui sait gré de manquer parfois de gravité, tant sa fantaisie est charmante. Ce lettré, qui a pris tous ses grades, jette volontiers en l’air son bonnet de docteur et s’amuse çà et là à des espiègleries d’écolier. C’est Fantasio pêchant à la ligne les plus vénérables perruques. Il est piquant et

  1. Jules Lemaître, Impressions de théâtre. Lecène, édit., in-18.