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II

M. Bardoux vient de publier en librairie l’étude qu’il a faite de madame de Custine, d’après, des documents inédits. « Ces documents qui servent de trame à notre récit, dit-il dans sa préface, intéresseront, nous l’espérons, le lecteur. Ils lui feront certainement connaître et estimer davantage ces âmes de l’ancienne France, à la fois philosophes et amoureuses, qui nous ont enseigné, avec la liberté de l’esprit, les deux vertus dont notre époque a le plus besoin, la tolérance pratique et l’indulgente sagesse. » — Oui, lui répondrai-je, s’il me le permet, comme à un de ses lecteurs les plus attentifs, oui, fidèle et délicat historien des élégances de l’esprit et du cœur, oui, vos livres nous intéressent, non seulement par les documents qu’ils contiennent, mais aussi par l’agrément du récit, la sûreté de la critique et la hauteur du sentiment. Vous aimez votre sujet, et vous nous le gardez aimable. Vous pénétrez tous les contours de votre modèle d’une lumière douce et caressante. Vos portraits sont vrais ; ils ont le regard et le sourire, et maintenant que vous m’avez peint cette belle Delphine, je crois l’avoir connue. Je la vois, couronnée de ses beaux cheveux blonds, errer avec une ardente mélancolie dans les allées de Fervacques, sous ces arbres qu’elle aimait tant et auxquels elle donnait les noms de ses amis absents. C’est à vous que je dois cette douce