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honorait les athlètes. Comment la mâle, beauté des lutteurs n’eut elle pas été chère à un peuple adorateur de la forme humaine ? Seuls, les philosophes estimaient viles les gloires du pugilat, du pentathle et de la course :

— L’athlète, disaient-ils, ne peut nous être comparé, car au-dessus de la force des hommes et des chevaux est notre sagesse.

Euripide était enclin à la philosophie. Pourtant, s’il abandonnai l’arène, s’il cessa d’oindre ses membres d’huile, ce fut pour peindre à la cire sur des tablettes de bois et s’appliquer à dessiner, selon le goût hellénique, des formes pures, présentées sans raccourcis et sans perspective. Mais il n’exerça pas longtemps le cestre et les baguettes rougies au feu. Se tournant vers un autre art, il étudia la rhétorique sous Prodicos. Ce maître enseignait que rien, n’est absolu, qu’on nomme bon ce qui est agréable et mauvais ce qui déplaît. Négateur des dieux qu’adorait le vulgaire, il paya de sa vie sa sage impiété : Il but la ciguë. En entrant dans la maison de Prodicos, Euripide avait trouvé des esprits amis, des parents intellectuels. L’orgueil de la pensée, l’amour des raisonnements subtils, une impiété douce, sa propre nature enfin lui étaient révélés. Mais le vrai maître d’Euripide fut Anaxagore de Clazomène, qui enseignait à Athènes les doctrines ioniennes. Conformément à l’esprit de ces écoles, il recherchait le principe des choses et il croyait l’avoir trouvé dans ce qu’il appelait « nous », c’est-à-dire l’esprit. Les animaux, les plantes, le monde, tout, disait-il, est diversement pénétré de l’esprit. Par lui, les