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Hôtesse aux bras ouverts, qui me jetais des fleurs,
Toi, l’amante d’un jour que jamais on n’oublie,
Qui, dès les premiers pas, fais aimer l’Italie,
Son ciel et sa beauté, sa gloire et ses malheurs,

Oh ! sans doute le temps a fané tes couleurs :
Mais tu gardes encor sous ta mélancolie
Ce parfum d’élégance et d’amitié polie
Qu’on cueille sur ta bouche et qu’on emporte ailleurs.

Pour tous les souvenirs tu tiens une merveille.
Ton enceinte riante est comme une corbeille,
Les festons sur le bord, les perles au milieu.

Bref, ton charme est si doux, colline de Florence,
Que je trouvai des pleurs, et je venais de France,
Des pleurs pour te bénir en te disant adieu.

Il resta plus longtemps à Rome, dont il aimait les splendeurs et les ruines. La désolation de la campagne romaine le charmait infiniment :

À peine à l’horizon voit-on sur un coteau
Quelques buffles errants, que le pâtre abandonne
Pour se coucher en paix sur un fût de colonne
Et dormir au soleil, drapé dans un manteau.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Au ciel, pas un soupir, pas un battement d’ailes :

C’est bien la majesté des douleurs éternelles
Qui n’ont plus rien à dire et plus rien à pleurer.

C’est à Rome que Saint-Cyr de Rayssac eut la plus abondante révélation de la beauté. Son âme débordait d’enthousiasme. Tantôt il visitait pieusement les chambres de Raphaël au Vatican et s’exaltait dans la contemplation d’un art idéaliste :

Sages sous le portique, apôtres au concile,
Tous ils portent au front la lumière subtile,
Le voile transparent de l’immortalité.