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M. HENRI MEILHAC
À L’ACADÉMIE FRANÇAISE



En préférant M. Henri Meilhac à deux concurrents tout à fait académisables, l’Académie a fait un choix hardi, brillant, heureux, qui plaît par sa crânerie même. L’Académie ne risque rien à ressembler au ciel où l’on arrive par diverses voies. L’Église triomphante accueille, à côté des saints de profession, d’aimables pécheurs prédestinés au salut éternel. Elle gagne, à cette pratique, de mettre une agréable diversité parmi les élus. S’il n’y avait qu’une sorte d’académiciens et qu’une sorte de bienheureux, l’Académie et le Paradis seraient monotones.

Ne le dites pas, mais je me sens au fond du cœur une inclination secrète pour les prédestinés qui, comme sainte Marie l’Égyptienne et comme M. Meilhac, furent élus par un coup éclatant de la grâce, alors qu’ils n’y pensaient point et même qu’ils pensaient à tout autre chose. Et qui ne sent que la grâce est meilleure que la justice ?