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souterraine, les objets familiers parmi lesquels il avait passé sa vie. C’est ainsi qu’ils abandonnaient aux femmes, dans la tombe, un miroir et un pot de fard, persuadés que l’ombre d’une femme se mire et se met du rouge encore avec plaisir. Ils ceignaient les morts de diadèmes d’or. Ce n’était pas sans doute pour leur déplaire. Mais tout en les honorant, ils les trompaient quelque peu. Ces lames d’or étaient si minces qu’un souffle les eût réduites en poudre, et les baies des lauriers funèbres n’étaient que des boules de glaise dorée. Les bons Myriniens savaient que les morts ne sont pas difficiles et que, pourvu qu’on les ensevelisse, ils ne reviennent jamais. C’est pourquoi ils se tiraient d’affaire avec eux au meilleur compte. Ils leurs mettaient dans la bouche l’obole de Caron. C’était une méchante pièce d’airain. MM. Pottier et Reinach n’ont pas trouvé une seule médaille d’or ou d’argent.

Quant à la coutume des offrandes funéraires, il en restait quelques traces au IIe et au IIIe siècle avant l’ère chrétienne. Les hommes plus anciens et plus naïfs portaient à manger et à boire à leurs amis morts. En souvenir de ces vieux rites, les Myriniens déposaient parfois dans les tombes des tables de terre cuite, grandes comme le creux de la main, et sur lesquelles étaient figurés des gâteaux, des raisins, des figues et des grenades. Ils y ajoutaient des petites bouteilles d’argile qui n’étaient même pas creuses. Ces gens-là ne croyaient plus que les morts eussent faim ni soif, ils les jugeaient insensibles et pourtant, ils ne pouvaient s’imaginer que des