Page:La Vie littéraire, II.djvu/108

Cette page n’a pas encore été corrigée

des prêtres et des moines, qu’on reconnaît encore quand ils ont quitté le froc ou la soutane. Quant aux criminels, aux criminels par excellence, les assassins, il est impossible, je le répète, de les ramener à un type unique, soit physiologique, soit psychologique : ils ne sont pas tous d’une même essence. Quel rapport établir, par exemple, entre ce Saniel dont M. Malot nous conte l’histoire, ce médecin qui tue pour assurer ses découvertes scientifiques, et cette brute qui, l’autre jour, conduisit au bord de la Seine la fille dont il vivait et la jeta à l’eau pour gagner un litre de vin qu’il avait parié ?

Quoi qu’en disent Lombroso et Maudsley, on peut être criminel sans être fou ni malade. L’humanité a commencé tout entière par le crime. Chez l’homme préhistorique, le crime était la règle et non l’exception. De nos jours encore, il est de règle chez les sauvages. On peut dire qu’il se confond, dans ses origines, avec la vertu. Il n’en est pas encore distinct chez les peuplades noires de l’Afrique centrale. Mteza, roi du Touareg, tuait chaque jour trois ou quatre femmes de son harem. Un jour il fit mettre à mort une de ses femmes coupable de lui avoir présenté une fleur. Ce Mteza, mis en relations avec les Anglais, montra beaucoup d’intelligence et une aptitude singulière à comprendre les idées des peuples civilisés.

Comment ne pas le reconnaître ? c’est la nature elle-même qui enseigne le crime. Les animaux tuent leurs semblables pour les dévorer ou par fureur jalouse ou sans aucun motif. Il y a beaucoup de criminels parmi