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M. GUY DE MONTPASSANT.

mon bon chien, à qui Dieu pardonne, comme j’ai fait, vous ne seriez pas tant ébahi de la sépulture que je lui ai ordonnée.

Et lors commença à dire baume de son chien :

— Ainsi pareillement s’il fut bien sage en son vivant, encore le fut-il plus à sa mort : car il fit un très beau testament, et pour ce qu’il savait votre nécessité et indigence, il vous ordonna cinquante écus d’or que je vous apporte.

L’évêque, ajoute le conteur, approuva ensemble le testament et la sépulture. Ces conteurs-là et surtout ceux qui les suivent, je ne les appelle pas pour confesser leur défaite, mais pour former un aimable et glorieux cortège aux derniers venus.

Au seizième siècle, la nouvelle fleurit, grimpe et s’épanouit dans tout le champ des lettres ; elle emplit des recueils multiples ; elle se glisse dans les plus doctes ouvrages entre des dissertations savantes et même un peu pédantes.

Béroald de Verville, Guillaume Boucher, Henri Estienne, Noël du Fail, le plus varié et le plus riche des « novellistes » d’alors, content à l’envi. La reine de Navarre fait de son Heptaméron le recueil « de tous les mauvais tours que les femmes ont joués aux pauvres hommes ». Je ne parle ni de Rabelais ni de Montaigne. Pourtant ils ont conté tous deux, et mieux que personne. Au dix-septième siècle, la nouvelle s’habille à l’espagnole, porte la cape et l’épée, et devient tragi-comique. Le malheureux Scarron en fit voir