jeune personne du pays des lanternes peintes et des arbres nains. Madame Chrysanthème est une mousmé accomplie. M. Pierre Loti la trouve aussi mystérieuse que la pauvre Rarahu, mais infiniment moins intéressante. Comme il n’aime point celle-là, il n’est pas curieux de la bien connaître. Une seule fois, en la voyant, le soir, en prière devant une idole dorée, il se demanda ce que peut bien penser cette jeune bouddhiste, si tant est qu’elle pense quelque chose.
« Qui pourrait démêler, se dit-il, ses idées sur les dieux et sur la mort ? A-t-elle une âme ? Pense-t-elle en avoir une ? Sa religion est un ténébreux chaos de théogonies vieilles comme le monde, conservées par respect pour les choses très anciennes, et d’idées plus récentes sur le bienheureux néant final, apportées de l’Inde à l’époque de notre moyen âge par de saints missionnaires chinois. Les bonzes eux-mêmes s’y perdent ; — et alors que peut devenir tout cela, greffé d’enfantillage et de légèreté d’oiseau, dans la tête d’une mousmé qui s’endort ? »
Ce qui donne au nouveau livre de M. Pierre Loti sa physionomie et son charme, ce sont les descriptions vives, courtes, émues ; c’est le tableau animé de la vie japonaise, si petite, si mièvre, si artificielle. Enfin, ce sont les paysages. Ils sont divins, les paysages que dessine Pierre Loti en quelques traits mystérieux. Comme cet homme sent la nature ! comme il la goûte en amoureux, et comme il la com-