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tout, la vertu ne craint rien. Elle sait, s’il le faut, se plonger, avec une sublime impureté, dans toutes les misères pour les soulager, dans tous les vices pour les guérir. Elle sait ce qu’est la grande tâche humaine et qu’il faut parfois se salir les mains. Inquinandœ sunt manus. Guerrière ou pacifique, elle est toujours armée. Elle charge le fusil du soldat et met le scalpel aux mains des chirurgiens. M. Maxime du Camp l’entend bien ainsi. Il la veut active et forte. C’est véritablement une morale en action qu’il a composée. Ses devanciers, les Blanchard, les Bouilly n’étaient que de fades apologistes du sentiment. Le livre de M. Maxime du Camp, bien que destiné à la jeunesse, est plein de mâles pensées.

Si l’on compare entre eux les humbles et sublimes acteurs de la charité et du dévouement qui revivent dans ce livre, on ne sait à qui donner la palme, on hésite entre la pauvre paysanne qui meurt de sa bonté inguérissable, la sœur de charité, la servante magnanime, le marin, le soldat. Pourtant, c’est peut-être à ces derniers, c’est peut-être aux soldats et aux marins que revient l’honneur des plus beaux et des plus pénibles sacrifices. L’héroïque Gordon n’a-t-il pas dit : « Un soldat ne peut pas faire plus que son devoir. » Écoutez ce que M. du Camp dit du lieutenant Bellot qui périt dans les glaces, après d’inimaginables fatigues : « Son action d’éclat n’a pas été d’un moment, elle a duré pendant des années sans qu’une défaillance apparente l’ait affaiblie. Il portait si haut