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M. CUVILLIER-FLEURY.

serait-il pas trompé, puisque Sainte-Beuve lui-même y fut pris à demi ? Ce sont là des pages solides et, si l’on y trouve quelque pesanteur, c’est qu’elles sont pleines de choses. Il n’est point aisé d’être léger quand on n’est point vide. Et si, dans quelque idéale promenade sur un chemin de fleurs, levant tout à coup les yeux, vous voyez des formes solides, où se révèle la plénitude de la vie, flotter au milieu des airs, comme des ombres fortunées, jetez-vous à genoux et adorez-les : elles sont divines.

L’inspiration du critique n’avait point d’ailes ; mais elle marchait droit et ferme. Il y a beaucoup de traits louables dans la physionomie morale de M. Cuvillier-Fleury. Entre autres, il en est un tout à fait original. C’est la fidélité. M. Cuvillier-Fleury demeura attaché jusqu’à la mort aux idées, aux amitiés, aux cultes de sa lointaine jeunesse. Il ne voulait point qu’on lui fît un mérite de cette constance qui honore sa vie : « Je me croirais bien humble, disait-il, de me glorifier de cette vertu, n’en connaissant pas de plus simple à concevoir, ni de plus facile à pratiquer. » Dès 1830, époque à laquelle il écrivit une notice sur le comte Lavallette, sa foi était fixée. M. Cuvillier-Fleury était désormais attaché à la monarchie libérale.

On lit, à la dernière page de l’intéressante notice dont je parle, une phrase qui donne à penser, bien qu’elle soit toute simple. C’est celle-ci : « Le comte Lavallette est mort plein de jours, à la soixante et