Page:La Vie littéraire, I.djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’admettait pas de réplique, qu’il n’y avait ni Bonneuil, ni d’Arcy, ni Cosway, ni Fleury, qu’Amélie, Rose et Glycère n’avaient jamais existé, et que c’était un bien bon jeune homme que l’oncle dont il était le neveu. « De ce qu’André, dit-il, put quelquefois prendre part aux soupers où se trouvaient réunis ses jeunes amis de collège et des beautés faciles, de ce que dans ses élégies, on trouve la trace de ces exceptions à ses habitudes studieuses et tranquilles, il ne faut pas en conclure que sa vie fût dissipée et livrée à des plaisirs échevelés. » Et, feignant de croire que « l’éditeur critique de 1862 et 1872 » a fait d’André un débauché, le grave neveu s’écrie : Il a agi ainsi « pour expliquer et justifier peut-être les dissipations et les folles orgies de nos jours ». Cela n’est-il pas admirable et n’avais-je pas raison de vous dire que cette querelle est vouée à l’immortalité ?

Après avoir découvert avec tant de perspicacité le mobile auquel obéissait M. Becq de Fouquières, son entêté contradicteur ajoute : « Ils ont prétendu qu’André avait été amoureux d’un grand nombre de femmes… Il n’en était pourtant rien, et ce qui le prouve, c’est la fraîcheur, c’est la vivacité de l’amour qu’il exprime. Un homme blasé par les plaisirs, rassasié de maîtresses, n’a plus l’imagination si fraîche, si ardente, si féconde. » Qu’en dites-vous ?… Mais il ne s’en tient pas là ; il lance un dernier argument qui révèle toute sa candeur : « André, dit-il, avait trop de philosophie pour user des choses jusqu’à l’abus. »