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M. BECQ DE FOUQUIÈRES

Je le proclame heureux et digne d’envie. Il est mort, mais il a vécu une pleine vie, il a achevé son œuvre et élevé son monument. C’est de M. Becq de Fouquières que je parle. Combien j’estimais, combien j’enviais cet honnête homme qui fut l’homme d’un seul livre ! Je ne l’avais jamais vu. Une fois seulement et trop tard, il me fut donné de le rencontrer. Ce fut sur une petite plage normande où je passais l’été, voilà trois ans. Il avait l’air d’un soldat. À le voir, l’œil vague, la moustache pendante, le dos rond, on eût dit un vieux capitaine rêveur et résigné. L’expression de son visage trahissait une âme solitaire, innocente et généreuse. Il allait silencieux, un peu las, triste et doux. Il me parla tendrement, comme à quelqu’un qui a retrouvé dix vers inédits d’André Chénier ; mais sa