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météores. Cela non plus ne sera jamais classique pour nous. Maintenant, ouvrez les histoires de Tite-Live. Là tout est ordonné, lumineux, simple ; Tite-Live, ce n’est pas un génie profond ; c’est un parfait pédagogue. Il ne nous trouble jamais ; c’est pourquoi nous le lisons sans vif plaisir. Mais comme il pense régulièrement ! Qu’il est aisé de démontrer sa pensée, d’en examiner à part toutes les pièces et d’expliquer le jeu de chacune. Voilà pour la forme. Quant au fond même, qu’y trouve-t-on ? Des leçons de patriotisme, de courage et de dévouement, la religion des ancêtres, le culte de la patrie. Voilà un classique ! Je ne parle pas des Grecs. Ils sont la fleur et le parfum. Ils ont plus que la vertu, ils ont le goût ! J’entends ce goût souverain, cette harmonie qui naît de la sagesse. Mais il faut convenir qu’ils ont toujours tenu peu de place dans les programmes du baccalauréat.

Et voici que le latin est devenu, dans nos lycées, semblable au grec. Voici qu’il n’est plus qu’une vaine ombre, jouet d’un souffle léger.

L’enseignement secondaire se dépouillera de plus en plus de cette incomparable splendeur qu’il tirait de son apparente inutilité. Puisque cette transformation est nécessaire, puisqu’elle correspond au changement des mœurs, il ne serait pas bien philosophique de s’en affliger outre mesure. Si je suis inconsolable, la raison me donne tort ; la nature n’est jamais du parti des inconsolables. C’est toujours une attitude un peu sotte que celle de bouder l’avenir. Les