Page:La Vie littéraire, I.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

baccalauréat ès lettres, en physique, en chimie et en histoire naturelle… Quant aux bacheliers ès lettres, il peut en exister sans doute de bien forts en histoire naturelle ; mais j’avouerai n’en pas connaître beaucoup parmi ceux que j’ai examinés, tandis que ceux qui ne le sont pas abondent[1]. »

On a ajouté, en outre, aux programmes beaucoup d’histoire et encore plus de géographie. On a rendu plus sérieuse l’étude des langues vivantes ; enfin, on s’est efforcé de donner un caractère pratique à l’enseignement secondaire.

Il faut bien reconnaître qu’on n’a pas réussi. Nos bacheliers ès lettres sont-ils mieux armés pour le combat de la vie depuis qu’on a mis dans leur tête quelques termes de chimie ? Non. Les éléments d’une

  1. M. Lacaze-Duthiers ajoute :

    Ils ne s’en tiennent pas à ne pas savoir, ils inventent des réponses et les débitent avec un aplomb qui mériterait un autre sort qu’une réception. Je ne puis résister à l’envie d’en citer un exemple.

     » D. — Comment respirent les animaux ?

     » R. — Par des poumons, des branchies, des trachées.

     » D. — Qu’est-ce qu’une trachée ?

     » R. — Une houppe de petites villosités fixée sur la pointe du nez des insectes.

     » Ce candidat fut reçu ; il avait la moyenne pour le passable. — Il passa. »

    N’en déplaise à M. H. de Lacaze-Duthiers, le jeune gaillard qui lui fit cette réponse n’inventa rien. Il rendit à l’alma mater la monnaie de sa pièce. Il lui donna les mêmes mots qu’elle lui avait donnés. Seulement il ne les rendit pas dans l’ordre où il les avait reçus. Il en avait trop entendu. Ils s’étaient brouillés dans sa tête.