jamais rien inventé ; ils ont toujours tout employé. On n’a qu’à ouvrir Erasme ou Rabelais pour voir que le latin classique fut instauré dans les écoles par les savants de la Renaissance. Le conseil supérieur de l’instruction publique ne pouvait prendre son parti si aisément. Il a voulu faire la part du latin. Mais la volonté d’un conseil, même supérieur, n’est jamais ni bien stable ni bien efficace. L’énergie s’y tourne vite en résignation. On veut croire que la meilleure manière de restaurer le latin est de créer un enseignement secondaire dans lequel on n’apprendra que des langues vivantes ; on s’efforce d’espérer que les études latines seront sauvées dès qu’elles partageront le beau nom de classiques avec des rivales qui ne les égaleront jamais, quoi qu’on fasse, en noblesse, en force, en grâce et en beauté. Ce sont des illusions qu’il est difficile de partager.
En réalité, le déclin des études latines est terriblement rapide. Les rhétoriciens de mon temps lisaient couramment Virgile et Cicéron. Ils écrivaient en latin, j’entends qu’ils faisaient effort pour exprimer dans cette langue morte leur pensée encore mal éveillée. C’est tout ce qu’on pouvait leur demander. On me dit de toutes parts et je vois qu’il n’en est plus ainsi. Il y a encore à la tête de chaque classe quelques jeunes gens amoureux des lettres latines. Mais on les compte déjà pour les derniers humanistes. Le grand nombre se désintéresse de plus en plus des choses classiques.