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Jérôme que la reine n’avait plus que quelques heures à vivre. Il alla chercher ses enfants et les fit entrer dans la chambre de leur mère. En les voyant agenouillés devant son lit, Catherine, qui avait conservé toute sa connaissance, mais qui ne croyait pas que la mort fut si proche, demanda quelle était cette bénédiction qu’on lui réclamait.

— Il est sage que tu bénisses ainsi tes enfants tous les soirs, lui dit son mari, parce qu’un malheur est toujours possible.

Catherine comprit à ces mots qu’elle touchait à ses derniers moments. Elle bénit ses enfants et dit avec calme : « Je vois que la mort approche, je ne la crains pas. Ce que j’ai aimé le plus au monde, c’est toi, Jérôme. » Et, en disant ces paroles, elle portait à ses lèvres la main de son mari.

Elle ajouta : « Je suis prête… J’aurais voulu vous dire adieu en France… » Jérôme et son fils aîné restèrent près de la mourante. Napoléon et Mathilde, qui avaient l’un treize ans et l’autre quinze, furent emmenés dans une maison voisine. À dix heures, Catherine perdit connaissance. À deux heures et demie du matin, elle avait cessé de vivre.

Elle laissait en mourant une belle mémoire, le souvenir d’une âme qui marchait toujours droit et haut au devoir, parce qu’elle avait deux guides qui n’égarent jamais quand ils vont ensemble : le courage et l’amour.