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on voit Noble, le lion, et l’ingénieux Goupil marchant de compagnie. Ajoutons, pour être juste, que le renard souabe ne se tira des griffes du lion qu’à moitié dévoré, lui et son peuple. L’amitié du grand homme était un présent des dieux. Mais ce n’était pas un présent gratuit.

La vie que menait Catherine dans la petite cour de Stuttgart se traînait monotone et triste, sans douce chaleur, sans joies intimes. La jeune princesse, repliée sur elle-même, s’occupait de lectures, d’ouvrages de femme et de musique. S’exerçant à chanter, elle voulut apprendre l’italien, comme la langue la plus musicale, et commença à jouer de la mandoline. Mais elle n’était pas de nature à se laisser ravir tout entière par l’illusion des arts. Ses instincts de générosité positive la retenaient dans la saine réalité de la vie. Le rêve tint peu de place en son âme toujours présente aux choses. Elle portait jusque dans l’enjouement de la jeunesse une certaine gravité. À vingt-deux ans, on l’appelait l’abbesse. Elle se disait vieille fille alors, et elle ajoutait avec une gaieté sérieuse : « Je m’en console et prendrai mon parti en grand capitaine ; comme je n’aurai jamais de mari, c’est une honnête retraite pour une vieille fille qu’une abbaye. »

Deux ans plus tard, elle recevait un mari des mains de son père. C’était en 1807. Napoléon victorieux venait de dicter le traité de Tilsitt. De la Hesse-Cassel et des possessions prussiennes à l’ouest de l’Elbe, il avait formé le royaume de Westphalie, qu’il donnait