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bientôt, déchu, il part pour l’île d’Elbe. Cette tendre épouse ne le suivra pas. À peine fait-elle mine de le rejoindre. Elle se laisse arrêter en route dès les premiers pas et ramener à Vienne.

Le héros malheureux l’appelle et l’attend. Elle ne va pas à lui. Elle lui écrit tant qu’on le lui permet. Mais elle ne répond plus dès que son père le défend. C’est une fille obéissante.

On raconte qu’à Vienne elle rencontra sa grand’-mère la reine Caroline, ennemie de Bonaparte, et que la fille de Marie-Thérèse demanda à Marie-Louise pourquoi elle avait ainsi abandonné son mari. Celle-ci s’excusa timidement sur les obstacles qu’on avait mis à leur réunion.

— Ma fille, répondit la vieille reine, on saute par la fenêtre !

Mais la bonne Marie-Louise ne songeait pas à sauter par la fenêtre. Elle était trop bien élevée pour cela. Pendant ce temps, elle jouait paisiblement de la guitare. C’est elle-même qui nous l’apprend :


Cette vie tranquille me réussit très bien. Vous savez, ma chère Victoire, que je n’ai jamais aimé le grand monde. Et je le hais à présent plus que jamais. Je suis heureuse dans mon petit coin, voyant beaucoup mon fils, qui embellit journellement et devient de plus en plus aimable…

Ma santé est très bonne…

On a bien tort de vous dire que je néglige la musique, j’en fais encore souvent. Je commence même à jouer de la guitare, il est vrai très mal. (Schœnbrunn, 3 mars 1815.)