gislative. Leur succès s’explique sans peine ; ils représentaient le premier essai d’une histoire générale de ces évènements qui changèrent la France et remuèrent le monde ; les auteurs ou, pour mieux dire, l’auteur y jugeait avant tout autre la Révolution au nom de la jeune génération qui en sortait. Aujourd’hui, ces deux volumes paraissent un peu faibles. Les neufs autres, signés par M. Thiers seul, furent publiés de 1824 à 1827. Ils sont bien supérieurs. M. Thiers avait appris beaucoup de choses en peu de mois. Il avait vu, chez Manuel et chez M. Laffitte, d’anciens constituants, des montagnards échappés à la Convention, des survivants des Cinq-Cents, du Corps législatif et du Tribunal, des vieux généraux de la République, des fournisseurs des armées ; il avait mesuré tous ces débris, interrogé toutes ces ombres ; il avait même travaillé la guerre avec Jomini et les finances avec le baron Louis.
Ces témoins du passé, il les écoutait autant qu’il pouvait écouter, n’étant pas grand écouteur de son naturel ; il les devinait surtout ; c’est à cela qu’il excella toujours. Le troisième volume porte déjà le témoignage de ce commerce avec les hommes et de cette pratique des choses si indispensables à l’historien. Il est informé, vivant, lumineux. Qui donc a dit si bien de Thiers qu’il arrive dans la Révolution avec les Marseillais eux-mêmes, à la veille du 10 Août ? Mais la source de son inspiration n’était pas tout entière dans l’étude du passé. Il ne vivait point enfermé