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quand l’oracle de Dodone dit au bestial et noble sagittaire :


Sont dans les flots profonds et les cieuxTes parents
Sont dans les flots profonds et les cieux transparents,
Et toute la nature, alliée à ta race,
Dans sa maternité t’enveloppe et t’embrasse !


ce sont nos propres origines que le poète nous enseigne.

Chiron, rassasié de la vie, a soif de la mort. Il sait qu’elle est bonne, qu’elle est nécessaire, qu’elle est divine puisqu’elle est naturelle. Il aspire à rentrer dans le grand tout.

La pensée du centaure était bien celle de M. de Ronchaud lui-même. Comme il avait beaucoup de candeur, il croyait à la bonté de la nature, et cette illusion fit la douceur de sa vie.

M. de Ronchaud publia en 1861 un livre intitulé : Phidias, sa vie et ses ouvrages. C’est à Londres, devant les marbres arrachés au Parthénon, qu’il eut la première idée de ce livre. En contemplant ces beaux restes, il fut saisi d’une généreuse émotion et, songeant à l’art grec et à ses paisibles merveilles, il s’écria avec Chandler : « Il a disparu, ce banquet des yeux, et il n’en reste rien de plus que d’un songe ! » Le récit qu’il a fait de sa visite à la salle Elgin du British Muséum garde l’empreinte d’une ardente et pieuse admiration : « Il semble, dit M. de Ronchaud, qu’on a devant les yeux les morceaux d’une lyre antique brisée : on essaye de les ras-