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que le mal existant aujourd’hui dans le 29e n’est venu ni de moi, ni des officiers dont je partage la disgrâce, et que celui qui, contre les intentions encore inconnues du ministre et les assurances consolantes que vous-même, mon général, avez bien voulu nous donner, à peint à nos anciens camarades et subordonnés les officiers mis au dépôt comme des artisans de trouble et des ennemis du gouvernement, est le seul capable d’indisposer le régiment, si le dévouement à la monarchie, l’esprit de subordination dont il a donné de si belles preuves avant lui pouvaient cesser d’être inébranlables. C’est le colonel Lachau qui a créé parmi nous des coteries secrètes, des partis qui n’existaient point, et y a distribué, classé les individus selon son caprice. Nous ne connaissions avant lui ni haine, ni défiance, ni espionnage. Il n’y avait point de nuances d’opinion pour des hommes qui servaient également bien. Le colonel s’est séparé de nous. Ses harangues scandaleuses ne nous ont jamais témoigné que des soupçons et de l’animosité. Il a souffert qu’on chantât en sa présence des couplets aussi injurieux pour son corps d’officiers que bassement adulateurs pour lui. J’en ai trop dit peut-être, mon général, mais, si les voix de tous ceux que le colonel force au silence par la terreur pouvaient s’élever avec la mienne, vous verriez jusqu’à quel point il a abusé de l’affreux principe : diviser pour régner.

— J’espère qu’avant la décision du ministre vous aurez la bonté de faire droit à ma demande. Je suis prêt à quitter le service, mais je tiens à confondre d’abord mes accusateurs. Il importe peut-être à la sage modération avec laquelle vous avez toujours commandé qu’aucun des officiers qui ont eu l’honneur de servir sous vos ordres ne soit victime de perfidies qu’une injustice éclairée peut dévoiler. Dans cette confiance, j’ose vous exprimer mes regrets de ne point être appelé à com-