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accompagna un des carbonari à Belfort où devait éclater le mouvement. Mais, quand il arriva dans cette ville, les trames étaient découvertes, les complices arrêtés ou en fuite. Il reprit à franc étrier la route de Neuf-Brisach, où il arriva de bon matin, avant l’exercice. Un de ses biographes, ayant raconté ses faits, ajoute : « Lorsqu’on fit une instruction pour rechercher les complices des officiers de Belfort et surtout pour savoir quel était celui qui s’était rendu de Neuf-Brisach dans cette ville, on ne put rien découvrir, et les soupçons se portèrent sur tout autre que Carrel ; car ses manières légères et insouciantes l’avaient fait regarder par ses chefs comme tout à fait en dehors des menées. » Cette conséquence de son action dut être particulièrement pénible à ce jeune homme loyal, toujours prêt à réclamer le prix de ses actes, ce prix fût-il la mort. D’ailleurs, la conspiration de Belfort eut des suites plus lamentables. Les sous-officiers du 45e de ligne, gagnés par les carbonari, conspiraient encore. Les quatre sergents de la Rochelle payèrent de leur tête pour tout le monde : car tout le monde était plus ou moins dans l’affaire, même La Fayette, même M. Laffitte. On voudrait croire qu’un tel exemple fit une impression profonde sur l’esprit de Carrel et que cet homme de cœur détesta dès lors ces conjurations militaires dont l’issue la plus probable est la perte de quelques malheureux. Mais il faut reconnaître que Carrel n’eut jamais un sens juste des devoirs du soldat. Son impatience, son orgueil et plus encore le