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LE CHEVALIER DE FLORIAN.

des noms de père et de roi deux parfaits synonymes, n’était-ce point l’image du monarque constitutionnel, du prince philosophe qu’attendait la nation ? N’était-ce point l’emblème des espérances que Louis XVI donnait alors à son peuple idolâtre ?

On voyait tout en rose. La philosophie nous gouvernera, disait-on. Et quels bienfaits la raison ne répandra-t-elle pas sur les hommes soumis à son tout-puissant empire ? L’âge d’or imaginé par les poètes deviendra une réalité. Tous les maux disparaîtront avec le fanatisme et la tyrannie qui les ont enfantés. L’homme vertueux et éclairé jouira d’une félicité sans trouble. On rêvait les mœurs de Galatée et la police de Numa.

Le chevalier de Florian montrait patte blanche. Néanmoins il entrait comme un jeune loup dans le bercail des théâtres à la mode. On trouve dans ses poésies fugitives les vers que voici :

À MADAME G…

Après l’avoir vue jouer la Mère confidente
Que j’aime à t’écouter, quand d’un accent si tendre
Tu dis que la vertu fait seule le bonheur !
Ton secret pour te faire entendre,
C’est de laisser parler ton cœur.
Mais, en blâmant l’amour, ta voix trop séduisante
Vers l’amour, malgré moi, m’entraîne à chaque instant ;
Et depuis que j’ai vu la Mère confidente
J’ai grand besoin d’un confident.

Cette madame G… n’est autre que Rose Gontier, qui n’avait pas sa pareille pour faire passer le spectateur