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LE CHEVALIER DE FLORIAN.

Sans eux, l’auteur de Galatée tomberait dans l’oubli, et ce serait dommage. On éprouve à rappeler le souvenir du chevalier de Florian le genre d’agrément que donne la rencontre, dans une boutique de bric-à-brac, d’un vieux pastel très fin, à demi effacé.

« Sur les bords du Gardon, au pied des hautes montagnes des Cévennes, entre la ville d’Anduze et le village de Massane, est un vallon où la nature semble avoir rassemblé tous ses trésors. Là, dans de longues prairies où serpentent les eaux du fleuve, on se promène sous des berceaux de figuiers et d’acacias. L’iris, le genêt fleuri, le narcisse émaillent la terre ; le grenadier, l’aubépine exhalent dans l’air des parfums ; un cercle de collines parsemées d’arbres touffus ferme de tous côtés la vallée, et des rochers couverts de neige bornent au loin l’horizon. » C’est ainsi que Florian décrit lui-même, dans son Estelle, la vallée où fut son berceau. Faisant allusion à ce passage, le bon Sedaine disait au poète en le recevant académicien : « L’hommage que vous rendez aux lieux qui vous ont vu naître est une nouvelle preuve de cette sensibilité qui vous caractérise. »

Fils d’un pauvre chevalier de Saint-Louis, Florian fut élevé dans le château bâti à grands frais par son aïeul. « C’était, a-t-il dit, un gentilhomme qui dissipait tout son bien avec les femmes et les maçons. » Sa mère, Gillette de Salgues, était d’origine castillane. Boissy d’Anglas, ami de la famille, nous apprend « qu’elle avait conservé quelque chose des mœurs et