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chevet de la malade. Marie Bashkirtseff s’éteignit onze jours après, « par une journée de brume, dit M. André Theuriet, pareille à celle qu’elle avait peinte dans un de ses derniers tableaux, l’Allée. »

C’est toujours un spectacle touchant quand la nature, par un terrible raccourci, nous montre l’un près de l’autre l’amour et la mort ; mais il y a dans la vie si courte de Marie Bashkirtseff je ne sais quoi d’âcre et de désespéré qui serre le cœur. On songe, en lisant son Journal, qu’elle a dû mourir inapaisée et que son ombre erre encore quelque part, chargée de lourds désirs.

En pensant aux agitations de cette âme troublée, en suivant cette vie déracinée et jetée à tous les vents de l’Europe, je murmure avec la ferveur d’une prière ce vers de Sainte-Beuve :


Naître, vivre et mourir dans la même maison !