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Ils se promènent dans les bois. Ils dînent à l’auberge du bourg, où ils trouvent sur la nappe grossière la vaisselle de faïence, les couverts d’étain

Et des cerneaux tout frais dans une assiette à fleurs.

L’hiver, il quitte pour elle le monde, où il s’ennuie. Tous ses projets sont faits ; ils ne se sépareront pas, elle lui fermera les yeux. Les vers du poète seront à demi oubliés. C’est lui qui le dit, et il ajoute :

Oh ! si par bonheur doit survivre
Un humble poème de moi,
Qu’il soit donc choisi dans ce livre
Que j’ai, mignonne, écrit pour toi.

Ce n’est là ni le pompeux orgueil avec lequel Ronsard annonçait sa gloire posthume à l’ingrate Cassandre, ni la bonhomie grivoise de Béranger, disant à Lisette :

Vous vieillirez, ô ma belle maîtresse !

C’est un sentiment nouveau, plus simple, plus délicat, plus affectueux.

Cet amour d’arrière-saison se résume à peu près à ce que je viens de dire. C’est assez pour qu’il soit charmant. Quand le poète compare les désirs d’automne à un dernier vol d’hirondelles, on se dit : « C’est cela ! » et on est saisi de je ne sais quel attendrissement tranquille et doux. C’est du vrai Coppée, et du meilleur.

Je ne parle aujourd’hui que pour ceux qui aiment les vers, moins encore pour ceux qui les aiment