verset 4 : « Vous ne ferez point d’images taillées. »
— L’humanité, ajouta-t-il, périra dans la démence pour avoir transgressé ce commandement.
Je vis que j’avais affaire à un fou. Je n’en fus pas fâché. Les fous sont quelquefois amusants. Je ne prétends pas qu’ils raisonnent mieux que les autres hommes, mais ils raisonnent autrement, et c’est ce dont il faut leur savoir gré. Je ne craignis pas de contrarier un peu celui-ci.
— Excusez-moi, lui dis-je, je suis idolâtre et j’adore les images.
— Et moi, me répondit-il, je les ai aimées à la folie. J’en ai souffert mille morts. C’est pourquoi je les déteste et les tiens pour diaboliques. N’avez-vous point lu l’histoire véritable de cet homme que la Joconde de Léonard rendit insensé et qui, un jour, en sortant du Salon carré, se jeta dans la Seine ? Ne vous souvient-il pas de ce que dit Lucien de Samosate d’un jeune Grec à qui la Vénus de Cnide inspira un amour sacrilège et funeste ? Ignorez-vous que le marbre de l’Hermaphrodite du Louvre a été usé par les caresses des visiteurs, et que l’administration des musées a dû protéger par une barrière cette figure monstrueuse et charmante ? Vous échappe-t-il que les Christs en croix et les Vierges peintes sont dans toute la chrétienté les objets de la plus grossière idolâtrie ? Il faut dire d’une manière générale que les tableaux et les statues troublent les sens, égarent l’esprit, inspirent le dégoût et l’horreur de la réalité,